Comprendre la loi ASAP 3/3 : les propositions du SNPPE

Comprendre la loi ASAP 3/3 : les propositions du SNPPE

Le SNPPE exige que les propositions de la commission des 1000 premiers jours soient rapidement mises en œuvre et non dans 10 ans comme l’a encore annoncé la DGCS cette semaine. Le regard de cette commission sur les besoins du jeune enfant est bien en lien avec les connaissances scientifiques actuelles. Arrêtons d’avoir des années de retard sur l’accueil du jeune enfant ! 

Le SNPPE reprend largement les propositions de la commission et y apporte ses propres ajouts : 
1/ Le SNPPE a lancé une pétition pour les masques inclusifs dans la petite enfance. Il s’agit de prendre aussi en compte les besoins de l’enfant et d’éviter que le sanitaire ne dicte sa loi en EAJE. Le retour 50 ans en arrière est inadmissible !
2/ Assurer que la théorie de l’attachement soit connue de tous les professionnels de la petite enfance, et adapter la pratique de la référence qui en découle à la réalité des EAJE qui permet une continuité des soins dispensés à l’enfant et contribue significativement à la qualité de l’accueil et à une relation de confiance enfant-parents-professionnels.
4/ Valoriser la rémunération et investir fortement dans la formation initiale et continue de qualité des professionnels de la petite enfance exerçant dans les modes d’accueil collectifs et individuels,
5/ Assurer que la direction des structures EAJE soit assurée par des diplômés dans le champ de la petite enfance, à minima de niveau BAC + 3, avec minimum 3 ans d’expérience et ayant une formation en « direction de structure »,
6/ Proposer un module commun et interdisciplinaire sur le développement de l’enfant à tous les professionnels de l’accueil ; à mettre à disposition des juges pour enfants, pédiatres, professionnels de la protection de l’enfance et de l’éducation nationale,
7/ Mettre en place un module sur la place de l’éveil culturel et artistique et de la nature en lien avec le développement de l’enfant,
8/ Proposer une campagne de communication pour valoriser les métiers de la petite enfance, susciter des vocations et faciliter les recrutements de professionnels motivés.
9/ un investissement dans la création de modes d’accueil sur la base d’analyse des besoins des territoires pour mieux répondre aux enjeux de couverture du territoire par des modes d’accueil adaptés.
10/ Proposer un mode de financement universel pour tous les modes d’accueil individuels et collectifs
11/ Repenser les espaces d’accueil en les mettant en conformité avec les conclusions des recherches scientifiques sur l’apport de la nature sur le développement de l’enfant,
12/ Garantir une surface intérieure de 7 m² minimum par enfant dans les modes d’accueil partout en France et un accès quotidien à un espace extérieur,
13/ Veiller à ce que tous les modes d’accueil proposent un environnement sain, protégé notamment de l’exposition aux produits toxiques et aux perturbateurs endocriniens,
14/ Assouplir les normes sécuritaires venant parfois entraver certaines initiatives pédagogiques, par exemple pour encourager les sorties quotidiennes à l’extérieur, accéder à la nature, aux animaux, aux activités libres etc.
15/ Créer une instance nationale ou un service intégré pérenne constitué d’experts scientifiques et du terrain dédié à la qualité de l’accueil du jeune enfant pour favoriser le continuum éducatif et la fluidité du parcours de vie de l’enfant. Cette instance aurait vocation à préconiser les référentiels de qualité fondés sur les recherches actualisées dans ce domaine, à recommander des dispositifs spécifiques pour les populations à risque ou à besoins spécifiques ou encore à favoriser les liens entre institutions.
16/ Déterminer la collectivité territoriale compétente pour les modes d’accueil et aller vers un « droit opposable » à l’accueil de l’enfant, comme dans les pays nordiques,
17/ Proposer un cahier des charges universel pour encadrer les délégations de service public et les marchés publics et former les nouveaux élus petite enfance qui créent des places d’accueil.
18/ Favoriser l’implication des parents au sein des EAJE en les rendant acteurs du projet d’établissement et en leur permettant de participer à des activités réunissant enfants, parents et professionnels : débats, réunions thématiques, sorties, fêtes, goûters, conférences, activités culturelles et artistiques, et soutien de l’équipe. Les EAJE pourront ainsi être aussi des lieux naturels de soutien à la parentalité ;
19/ Faciliter l’accueil du bébé allaité en crèche : respect des rythmes, soutien de la mère, transport et conservation du lait maternel ;
20/Offrir un accueil prioritaire des enfants à besoins particuliers (handicap, troubles du développement, maladies chroniques, en situation de vulnérabilité) :
– Former les professionnels à la détection précoce des troubles du développement,
– Fournir aux structures qui bénéficient du bonus handicap une formation à l’accompagnement de ces enfants pour favoriser leur inclusion,
– Accueillir en priorité les enfants de familles vivant sous le seuil économique de pauvreté, quel que soit le type de structure ou de gestionnaire. 
21/ Mettre en valeur la diversité culturelle et le plurilinguisme des enfants accueillis dans les EAJE.

Quoi qu’en dise le gouvernement, les professionnel·le·s de la petite enfance ne peuvent se contenter d’une politique petite enfance qui sert juste à favoriser les pratiques des gestionnaires en simplifiant des normes afin d’améliorer la rentabilité des EAJE. 
– Les rapports de Sylviane Giampino et des 1000 premiers jours se succèdent
– Les analyses s’enchaînent: Pierre Moisset avec l’étude APEMA (Accueillir la Petite Enfance dans le Monde d’Après), Arnaud Deroo avec sa lettre ouverte à Adrien Taquet
Tout cela montre qu’il n’est plus possible d’organiser l’accueil du jeune enfant sans faire évoluer le cadre d’accueil, les pratiques et les formations des professionnel·le·s. 
Le gouvernement lance avec le PLF 2021 (Projet de Loi de Finances)  un grand plan de relance de l’économie qui ne passe pas par la petite enfance ! Les annonces d’Adrien Taquet sont bien faibles par rapport aux enjeux. Or, le secteur de la petite enfance accompagne les tout-petits, l’avenir de la société. Et que lui propose-t-on ? Une simplification des normes pour que l’accueil soit plus facile à organiser. Mais les professionnel·le·s n’en veulent pas. 

Les professionnel·le·s veulent :

  • une reconnaissance de la part des gestionnaires avec des salaires décents, 
  • du respect avec des conditions de travail de qualité pour l’accueil du jeune enfants, c’est-à-dire avoir plus de professionnels auprès des enfants, réduire le ratio à 1 professionnel·le pour 5 enfants de tout âge, et bien sûr avec des personnels hautement qualifiés grâce aux formations initiales et continues à la hauteur des besoins du jeune enfant et des connaissances scientifiques.

Le SNPPE rappelle qu’il s’est créé autour de ces attentes et qu’il ne cessera de les porter tant que le gouvernement n’aura pas enfin choisi une politique petite enfance ambitieuse, quoi qu’il en coûte pour reprendre les mots du Président de la République. 

Comprendre la loi ASAP 2/3 : les constats du SNPPE

Comprendre la loi ASAP 2/3 : les constats du SNPPE

Comme toujours, les promesses n’engagent que celles et ceux qui y croient !
Nous constatons, encore une fois, que le gouvernement n’œuvre ni pour le bien-être des tout-petits dans les modes d’accueil, ni pour les professionnel·le·s du secteur qui ont pourtant, eux aussi, permis au pays de faire face à la crise sanitaire tout comme de nombreux autres métiers en accueillant les enfants des personnels prioritaires et essentiels pour combattre le virus pendant le confinement.
Tout comme il est important pour le gouvernement que l’économie ne s’effondre pas, il est important pour le pays que les tout-petits ne soient pas les sacrifiés de la crise sanitaire. Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas encore de voix pour exprimer leurs besoins, qu’il faut réduire au silence les mesures nécessaires à leur développement :

Port du masque obligatoire alors que la communication non-verbale est essentielle et que nous ne savons pas les répercussions futures de ces choix dans le développement et les apprentissages des enfants.
Non-respect des enfants qui devront dans les secteurs immobiliers à forte tension s’entasser comme des sardines au fond de leur boîte de conserve. Comment peut-on sacrifier cela et admettre de telles conditions juste pour des considérations purement économiques ?
Non-respect des professionnel·le·s avec des annonces orales suivi d’un cadre écrit toujours trop tard, leur demandant de s’adapter du jour au lendemain tout en maintenant la qualité d’accueil des enfants et des familles (le comble est tout de même la dernière version parue le 02 octobre, datée du 25 septembre sur le document et dont certaines mesures sont applicables depuis… le 12 septembre !) ;
Non-respect des professionnel·le·s d’un secteur presque à 100% féminin et ayant des salaires de misère pour des responsabilités quotidiennes : accueillir les tout-petits, futur de la société, encadrer des équipes dans un contexte réglementaire mouvant, des moyens financiers de plus en plus restreints, pour des salaires qu’aucun manager dans un autre secteur n’accepterait.
Non-respect des professionnel·le·s qui, malgré le rôle essentiel pendant la crise (et c’est toujours le cas puisque le gouvernement propose aux assistants maternels de garder en urgence un 5e enfant avec le même agrément. Tiens, une semaine, c’est justement la durée d’un confinement en cas de cas positif dorénavant, bizarre…) n’ont eu droit à AUCUNE prime, AUCUNE reconnaissance (ah si, un merci du secrétaire d’Etat lors de son Facebook live de lundi pour les assistant·e·s maternel·le·s… Trop généreux !).
Non-respect des professionnel·le·s qui ont le droit d’être TOUS formés, afin d’arrêter d’être considérés comme des professionnel·le·s de seconde zone pour certains.

[A suivre] Comprendre la loi ASAP 3/3 : les propositions du SNPPE

Comprendre la loi ASAP 1/3 : pourquoi légiférer par ordonnance ?

Comprendre la loi ASAP 1/3 : pourquoi légiférer par ordonnance ?

Après les annonces d’Adrien Taquet sur la petite enfance, le constat est sans appel :
Les modes d’accueil ne sont pas, encore une fois, une priorité du gouvernement.
En effet, mise à part une avancée attendue depuis (trop) longtemps pour les assistant·e·s maternel·le·s, la médecine du travail, il n’y AUCUNE annonce. Il est temps de rétablir la vérité. Le SNPPE s’y emploie maintenant.

Le gouvernement attend avec impatience que la loi ASAP  (Accélération et Simplification de l’Action Publique) et son article 36 qu’il a réintroduit avant toute autre annonce pour le secteur des modes d’accueil. Pour quelles raisons ?
Tout simplement parce que l’article 36 lui permet de légiférer par ordonnance. C’est-à-dire ?
Le gouvernement explique que légiférer par ordonnance lui permet d’agir plus rapidement tout en respectant les droits du pouvoir législatif .
Alors, petit rappel : le projet d’ordonnance pour légiférer le secteur de la petite enfance date de 2018 ! En ce qui concerne d’agir rapidement, le gouvernement peut donc déjà revoir sa copie ! Pour le SNPPE, il s’agit donc plus d’éviter le débat parlementaire et donc démocratique que d’aller vite.
Mais alors pourquoi légiférer par ordonnance ?
Tout simplement car un tableau des mesures retenues après consultation a été arrêté en décembre 2019 par la DGCS (Direction Générale de la Cohésion Sociale) et que le gouvernement actuel entend bien le passer tel quel malgré les observations des professionnels et des familles du contexte d’accueil des enfants pendant la crise sanitaire. Il entend le passer ainsi alors qu’il vient lui-même de recevoir le rapport de la commission des 1000 premiers jours reprenant dans ses propositions une large série de revendication du collectif « Pas de bébés à la consigne » que celui porte depuis des années.

Rappel : la commission des 1000 premiers jours a été installée par le président de la république lui-même en septembre 2019 avec ces mots : « Je prends l’engagement devant vous que l’on fera, vous n’êtes pas seulement là pour écrire ou pour dire. Éclairez-nous pour que des décisions soient prises. C’est un sujet à mes yeux très important ». C’est en ces termes qu’Emmanuel Macron a lancé les travaux de la commission 1000 premiers jours lors de sa constitution.

[A suivre] Comprendre la loi ASAP 2/3 : les constats du SNPPE

Nous exigeons des masques inclusifs pour la Petite Enfance !

Nous exigeons des masques inclusifs pour la Petite Enfance !

Lors de sa conférence de presse de ce jour, le Ministre Des Solidarités et de la Santé a annoncé des mesures pour limiter autant que possible les contaminations d’adulte à enfant en imposant le port du masque, il sera désormais obligatoire pour tous les professionnel.le.s de crèche, y compris en présence des enfants.

En cette période de pandémie, peut-on concilier le bon développement des enfants accueillis en leur permettant un accès aux expressions des accueillants et la protection des professionnel.le.s contre le Covid-19 ? La réponse est OUI

Il est temps de prendre des décisions ambitieuses pour la petite enfance et les professionnel·le·s !

Il est temps de prendre des décisions ambitieuses pour la petite enfance et les professionnel·le·s !

Le Syndicat National des Professionnel·le·s de la Petite Enfance salue le travail effectué par la commission des 1000 premiers jours présidée par M. Boris Cyrulnik. Le rapport remis à Adrien TAQUET, secrétaire d’Etat à l’Enfance et à la Famille, propose une vision ambitieuse de l’accompagnement des familles à la parentalité de la grossesse à la petite enfance qui ne peut que réjouir l’ensemble des professionnel·le·s.

Pour lire la suite du communiqué :

Pour télécharger le rapport de la commission des 1000 premiers jours :