Le SNPPE a pris connaissance des décrets d’attributions des ministères du gouvernement d’Elisabeth Borne.
Malgré l’engagement du candidat Macron à un droit opposable aux modes d’accueil, la publication de ces décrets illustre, comme nous pouvions le craindre, l’absence totale d’ambition et de considération de ce gouvernement pour la petite enfance.
En effet, aucune communication du nouveau ministre M. Abad n’a permis jusque-là de comprendre qu’il aurait en charge la politique familiale du gouvernement, sûrement trop occupé à faire campagne dans sa circonscription.
Le SNPPE déplore également le manque total de cohérence de ce gouvernement puisque la petite enfance et la famille sont à la charge du Ministre des Affaires Sociales, l’enfance à la charge de la Secrétaire d’Etat à l’Enfance (mais qui ne sera sûrement consacré qu’à la protection de l’enfance à la lumière de ses fonctions précédentes) et la jeunesse au Ministre de l’Education Nationale. Ce découpage est une faute grave de stratégie. Certaines professions de la Petite Enfance travaillent dans le milieu de l’Enfance et de l’Education nationale et inversement. Les conséquences de la crise sanitaire de la petite enfance à la jeunesse sont alarmantes et nous n’en mesurons pas encore tous les effets. Les professionnel·le·s de ces secteurs sont ignoré.es depuis trop longtemps. Ils et elles font désormais face à une souffrance généralisée engendrée par une absence de considération dans leurs missions, de valorisation de leurs métiers et d’une pénurie de professionnel·le·s pour accompagner des populations de plus en plus fragiles et demandant une attention et des moyens de plus en plus importants.
Quels seront les moyens déployés pour la petite enfance quand nous constatons dix jours après la nomination du gouvernement que l’ambition est réduite à peau de chagrin ?
Enfin, le SNPPE ne peut pas omettre l’actualité du ministre des Affaires Sociales. Pour un début de mandat, nous aurions préféré que le désormais ministre de tutelle s’illustre autrement ! Si la présomption d’innocence n’est pas remise en cause, le SNPPE s’interroge fortement sur la légitimité d’un ministre accusé de viols par plusieurs femmes. Il est pitoyable qu’en 2022 la voix des femmes soit encore ainsi méprisée. Le SNPPE s’interroge sur la qualité du dialogue possible de la part d’un homme dont le respect de la femme n’est peut-être pas la priorité. Il rappelle que le secteur de la petite enfance est à plus de 98% féminin. Il exige que sa parole et celle des professionnel·le·s soient respectées à leur juste valeur.
LA PETITE ENFANCE DOIT ÊTRE UNE VRAIE PRIORITÉ POUR CE GOUVERNEMENT. LE SNPPE VEUT UN MINISTRE QUI AGIT ET NON EN CAMPAGNE !
Le SNPPE constate que les arrêts maladies (ex : burn-out), les démissions, les difficultés de remplacement et de recrutement augmentent de manière très dangereuse dans les crèches en France. Ils impactent les conditions de travail des professionnel·le·s de la petite enfance et donc les conditions d’accueil des bébés et des familles.
Afin d’avoir une vision plus précise, il invite l’ensemble des professionnel·le·s à remplir ce questionnaire en ligne, à le partager et le diffuser largement afin d’avoir le plus rapidement possible des éléments chiffrés à faire valoir auprès du gouvernement.
Sur les réseaux sociaux, le ministère des Solidarités et de la Santé a communiqué aujourd’hui sur l’anniversaire de l’ordonnance, « publiée pour améliorer et simplifier l’accueil du jeune enfant et les dispositifs de soutien à la parentalité ». L’occasion pour lui « de rappeler qu’une charte nationale du jeune enfant existe ».
Sur Twitter, le SNPPE n’a pas manqué de réagir. « Un an plus tard… Le secteur de la petite enfance subit une pénurie de professionnel, demande une amélioration remarquable des conditions de travail, une revalorisation immédiate des salaires pour tous ! La charte, mais quelle charte ? Du vent ! » s’exclame le syndicat.
Car reste la principale question : cette réforme permettra-t-elle d’améliorer les « services aux familles », ambition du gouvernement qui achève son mandat ? Après une crise sanitaire qui a essoré les professionnelles (y compris celles du collectif), sur fond de départs continus depuis plusieurs années et face à des départs à la retraite massifs dans les années à venir, le doute est permis
Ce manque de personnel dans les crèches apporte plusieurs effets négatifs, notamment pour les bambins. Véronique Escames, co-secrétaire générale du Syndicat National des Professionnels de la Petite Enfance (SNPPE) lance un appel en détresse : « On tend vers un accueil des enfants qui se dégrade, malgré nous. Les conditions de travail deviennent désastreuses ».Le manque de personnel dans les crèches impacte la qualité du service. Véronique Escames donne un exemple : « C’est compliqué quand on a 5 bébés à faire manger pour un seul adulte qualifié. Pour les enfants ce n’est pas génial. Pour nous non plus, on se dit souvent, le soir en rentrant, que l’on ne peut pas faire correctement notre travail ».
Le SNPPE invite les professionnel·le·s de la petite enfance à poursuivre la mobilisation #amavraievaleur du 31 mars dernier en écrivant aux candidat·e·s des législatives 2022.
Pour cela, il propose une lettre ouverte reprenant les grandes attentes du secteur de la petite enfance. Il veut ainsi, interpeller les futur·e·s député·e·s sur les enjeux essentiels pour les professionnel·le·s. : la revalorisation salariale, les conditions de travail, l’attractivité du secteur, la formation continue, la formation initiale. Le SNPPE rappelle également ses attentes pour un service public de la petite enfance.
Retrouvez ci-dessous, la lettre ouverte à télécharger.