Réforme des diplômes du travail social : une destruction programmée

Réforme des diplômes du travail social : une destruction programmée

Le 20 août 2025, plusieurs associations professionnelles et organisations syndicales – dont la FNEJE, l’ANAS, France ESF, le SNPPE et d’autres – ont publié un communiqué commun pour dénoncer la réforme en cours des diplômes d’État du travail social (éducateurs spécialisés, éducateurs techniques spécialisés, éducateurs de jeunes enfants, assistants de service social, conseillers en économie sociale et familiale).

Une réforme imposée sans concertation

Comme nous l’avons collectivement rappelé, les premiers concernés n’ont pas été consultés.
Les calendriers fixés par la DGCS, en plein cœur de l’été, rendent tout travail sérieux de contre-proposition impossible. Les référentiels transmis contiennent de nombreuses incohérences et marquent un recul considérable :

  • Disparition du mémoire au profit d’un simple contrôle continu, propre à chaque centre de formation.
  • Fin du caractère national des diplômes, remplacés par des « diplômes d’école » ou de centres.
  • Admission facilitée au détriment de l’exigence et de la qualité.
  • Stages transformés en « immersions » morcelées, rendant impossible une réelle professionnalisation.

Tout cela traduit un désengagement clair de l’État et un profond mépris pour les professionnels comme pour les publics qu’ils accompagnent.

Un parallèle inquiétant avec la petite enfance

Au SNPPE, nous établissons un lien direct avec ce qui se prépare dans notre secteur.
La création du titre professionnel de niveau IV pour la petite enfance s’inscrit dans la même logique :

  • Former vite et à bas coût.
  • Déqualifier des métiers déjà fragilisés.
  • Remplacer des diplômes exigeants par des certifications au rabais.

Dans le travail social comme dans la petite enfance, les conséquences sont les mêmes : perte de sens, perte de reconnaissance et mise en danger des personnes accompagnées.

Notre position

Nous refusons cette destruction des diplômes d’État.
Nous demandons :

  • Le maintien du caractère national et exigeant des certifications.
  • Des conditions d’admission crédibles et sélectives.
  • Des temps de formation théoriques et pratiques suffisants, garantissant les spécificités de chaque métier.
  • Une véritable concertation avec les organisations représentatives.

✊ Défendre la valeur des diplômes, c’est défendre la qualité de l’accompagnement, la dignité de nos métiers et la protection des plus vulnérables.

Crèches INFANS : le SNPPE alerte les autorités face à une situation alarmante

Le 3 juillet 2025, le tribunal de commerce de Lyon a ordonné la cessation immédiate d’activité de plusieurs micro-crèches du groupe privé INFANS.

Pourtant, un mois plus tard, certaines crèches continuent d’accueillir des enfants, avec un risque assurantiel sûrement non-couvert. Les salarié·es, non licencié·es, travaillent dans l’insécurité juridique.

Cette situation illustre les dérives du secteur privé lucratif de la petite enfance : fermeture brutale, maintien d’activité hors cadre, et pression sur les professionnel·les. Le modèle marchand montre ses limites, comme le soulignent les récents appels à subventions supplémentaires par les fédérations du secteur privé.

Le SNPPE a saisi les autorités concernées (PMI, DREETS, juge, ministère) et dénonce :

  • des faits laissant craindre un contournement des décisions de justice,
  • un manque de transparence préoccupant autour des informations sur d’éventuels repreneurs,
  • et un risque d’atteinte aux droits élémentaires des professionnel·les de la petite enfance.
Petite enfance : le « droit opposable » d’Attal masque huit années de mépris d’État

Petite enfance : le « droit opposable » d’Attal masque huit années de mépris d’État

Le Syndicat National des Professionnel·le·s de la Petite Enfance (SNPPE) publie aujourd’hui un communiqué fort pour dénoncer les annonces récentes du Parti Renaissance et de son secrétaire général Gabriel Attal concernant la politique petite enfance.

Alors que le parti présidentiel présente un programme axé sur l’économie et la croissance, le SNPPE rappelle que la petite enfance ne saurait être réduite à un simple levier au service de l’emploi ou de la productivité. Depuis huit ans, les professionnel·le·s du secteur subissent un profond mépris politique, marqué par l’absence d’investissement réel, la pénurie chronique de places d’accueil et de personnel, ainsi que des conditions de travail et de rémunération inacceptables.

Le communiqué dénonce un « droit opposable » présenté comme une avancée, alors qu’il ne repose pas sur une véritable augmentation des moyens humains et financiers indispensables pour répondre aux besoins des enfants et des familles. Le SNPPE exige que le gouvernement cesse les faux-semblants et engage enfin des mesures concrètes, notamment en matière de formation, de revalorisation salariale et de renforcement du service public de la petite enfance.

« Ce ne sont ni les rapports ni les comités qui manquent, mais le courage politique d’engager des moyens financiers à la hauteur des enjeux. Tant que ces décisions ne seront pas prises, parler de ‘droit opposable’ restera une hypocrisie. »
— SNPPE

Nous invitons toutes et tous à lire ce communiqué complet et à rejoindre notre mobilisation pour défendre un accueil de qualité du jeune enfant, respectueux de ses droits, de ses besoins, et de ceux des professionnel·le·s qui l’accompagnent.

Nouveau titre professionnel petite enfance : 1 400 heures… sorties d’un chapeau ?

Nouveau titre professionnel petite enfance : 1 400 heures… sorties d’un chapeau ?

Le ministère a réagi à la vague de critiques déclenchée par le communiqué du SNPPE sur le projet de titre professionnel de niveau IV « Intervenant éducatif petite enfance » (TP IEPE). Surprise : le gouvernement annonce désormais un volume de 1 400 heures. Une déclaration tardive, non actée dans les réunions d’ingénierie, jamais communiquée aux parties prenantes… et visiblement conçue pour désamorcer l’indignation grandissante.

⏳ Une annonce improvisée, un flou qui interroge

Les groupes de travail sur le TP IEPE réunissent plusieurs organisations dont le SNPPE. À aucun moment un volume de 1 400 heures n’a été évoqué ou partagé, y compris dans les documents issus de l’AFPA, opérateur mandaté pour cette ingénierie. Ceux-ci évoquaient une formation de 800 à 1 000 heures, dont seulement 210 heures de stage, soit à peine six semaines sur le terrain.

Dans un contexte où les crèches manquent cruellement de personnel qualifié, cette stratégie de « diplôme express » révèle une priorité politique : former vite, à bas coût, pour répondre à la pénurie… quitte à fragiliser encore un peu plus les conditions d’accueil des jeunes enfants.

🐇 « Lapins de six semaines » ou professionnels oubliés ?

La dernière déclaration du ministère laisse entendre que les chiffres transmis dans les groupes de travail ne seraient « pas engageants », et qu’il faut désormais s’attendre à une formation plus longue. Mais où est la transparence ? Où est le respect des acteurs du terrain ?

Face à ce flou entretenu, le SNPPE ne se laissera pas berner. Comme le souligne notre nouveau communiqué :

« Le flou est tel qu’on finit par se demander si l’on ne nous prend pas pour des lapins de six semaines.« 

Cette phrase, volontairement ironique, traduit le sentiment de mépris ressenti par de nombreux professionnels et formateurs face à des décisions politiques déconnectées de la réalité du terrain.

📣 Ce que demande le SNPPE

Le SNPPE maintient son opposition totale à la création du TP IEPE en l’état.
Le syndicat demande :

  • Le refus de validation du TP lors du vote prévu en septembre en Commission professionnelle consultative (CPC),
  • Le boycott des jurys VAE et de l’accueil de stagiaires préparant ce titre,
  • Et un investissement structurel dans les formations déjà existantes : le Diplôme d’État d’Auxiliaire de Puériculture (DEAP) et le Diplôme d’État d’Éducateur de Jeunes Enfants (DEEJE).
Un nouveau titre professionnel dans la petite enfance : un signal d’alarme pour tout le secteur

Un nouveau titre professionnel dans la petite enfance : un signal d’alarme pour tout le secteur

Le SNPPE (Syndicat National des Professionnel·le·s de la Petite Enfance) alerte : la création imminente d’un nouveau titre professionnel de niveau IV dans la petite enfance constitue une atteinte grave à la qualité de l’accueil des jeunes enfants et à la reconnaissance des métiers du secteur.

Ce titre, porté par le ministère du Travail, devrait être soumis au vote de la commission professionnelle consultative (CPC) « cohésion sociale et santé » le 11 septembre prochain. Il permettrait, en moins de 750 heures de formation, d’accéder à un métier classé en catégorie 1 du code de la santé publique – c’est-à-dire au même niveau que les diplômé·es du DEAP ou du DEEJE par exemple.

Le SNPPE dénonce fermement cette logique de formation express, conçue en dehors des cadres de formation reconnus et sans respecter les exigences portées par les professionnel·le·s du secteur. Le tableau comparatif ci-dessous met en évidence l’écart abyssal entre ce futur titre professionnel et les diplômes existants, tant en durée de formation qu’en contenu et en niveau d’exigence.

Un choix politique en contradiction avec les besoins identifiés

Selon l’enquête nationale menée par la CNAF pour le comité de filière petite enfance (juillet 2025), la situation est alarmante :

  • 13 500 ETP manquants dans les EAJE en 2024, soit 8,2 % de vacance ;
  • Les postes d’EJE (DEEJE) et d’auxiliaire de puériculture (DEAP) sont les plus en tension ;
  • En Île-de-France, le taux de vacance atteint 14 % ;
  • Près de 45 % des postes vacants le sont depuis plus de 3 mois.

Plutôt que de créer un diplôme express, le gouvernement aurait dû activer les régions, responsables du financement des formations sociales et médico-sociales, pour ouvrir plus de places en formation DEAP et DEEJE.

Une formation qui déroge aux référentiels nationaux de qualité

Deux textes fondamentaux rappellent les exigences qualitatives de l’accueil du jeune enfant :

  • La Charte nationale d’accueil du jeune enfant, article 10 :

« J’ai besoin que les personnes qui prennent soin de moi soient bien formées et s’intéressent aux spécificités de mon très jeune âge et de ma situation d’enfant qui leur est confié par mon ou mes parents. »

  • Le Référentiel national qualité de l’accueil du jeune enfant, adopté en 2022 :

Il insiste sur l’importance d’une formation initiale rigoureuse, de temps de réflexion sur les pratiques et d’un encadrement qualifié.

Or, le TP IEPE :

  • Ne garantit ni analyse de pratiques, ni connaissance approfondie du développement de l’enfant ;
  • Est construit pour être opérationnel rapidement, sans cadre national clair ni exigence pédagogique comparable aux diplômes existants ;
  • Ne respecte ni la philosophie de la Charte ni les attendus du Référentiel.

Des conséquences durables sur le terrain

  • Pour les enfants : des adultes moins formés, moins accompagnés, moins disponibles.
  • Pour les équipes : tension, dilution des rôles, méconnaissance des référentiels.
  • Pour les gestionnaires : incitation à recruter à moindre coût des professionnels moins formés.
  • Pour les collectivités : flou total sur la valorisation de ce titre dans la FPT, l’intégration dans les grilles salariales, et les perspectives de carrière.

Ce que propose le SNPPE

Le SNPPE, tout en participant aux travaux encadrant ce nouveau titre, réaffirme son opposition à sa création. Il demande :

  • Le retrait du projet de titre professionnel IEPE ;
  • Le renforcement immédiat des formations DEAP et DEEJE ;
  • La mobilisation des régions pour financer davantage de places en formation qualifiante ;
  • Une évolution des diplômes existants afin qu’ils restent exigeants, en lien avec les besoins actuels des jeunes enfants et les référentiels de qualité reconnus.

Boycott et mobilisation

Face à cette fuite en avant, le SNPPE diffuse ce 15 juillet un communiqué de presse que vous pouvez consulter et partager librement :

Le SNPPE appelle :

  • à la mobilisation de tous les professionnel·le·s du secteur,
  • au boycott des jurys de VAE pour tous les diplômes si le titre est validé en l’état,
  • à ne plus accueillir de stagiaires préparant ce titre dans les structures.

Nous ne laisserons pas sacrifier les exigences de qualité au nom d’une logique de quantité et de flexibilité à bas coût.

Agissons. Vous méritez mieux.

Réforme des diplômes du travail social : une confiance trahie, une concertation bafouée

Réforme des diplômes du travail social : une confiance trahie, une concertation bafouée

Le SNPPE, aux côtés d’autres organisations syndicales et professionnelles, dénonce fermement le simulacre de concertation orchestré autour de la réingénierie des diplômes de niveau 6 du travail social.

Un engagement pris… et aussitôt renié

Le mardi 24 juin, nos organisations ont été reçues par des représentants du cabinet de la ministre Catherine Vautrin et de la DGCS. Pour la première fois depuis le début de cette réforme, nous avons eu le sentiment d’être entendus. Le cabinet a reconnu l’ampleur des enjeux non résolus et proposé, à condition d’un engagement commun à co-construire, de reporter le vote sur les nouveaux référentiels à juin 2026, pour une mise en œuvre en septembre 2027. Un calendrier de travail et une liste des sujets à traiter nous ont été demandés.

Par sens des responsabilités et pour ne pas alimenter les tensions, nous avons choisi de ne pas communiquer immédiatement sur cet engagement.

Le lendemain : un véritable déni de concertation

Dès le mercredi matin, la DGCS maintenait une réunion de concertation du HCTS, soigneusement préparée avec les partisans de la réforme (UNAFORIS, CFDT, Croix-Rouge notamment), et excluant toute remise en question du calendrier.

La réunion, présentée comme informative, s’est en réalité révélée être une tentative de passage en force :
📌 référentiels envoyés la veille au soir à 20h15,
📌 absence totale de temps d’analyse ou de retour,
📌 accusations de “malhonnêteté” et de “corporatisme” à l’égard des opposants.

Un appel passé ensuite au cabinet a confirmé l’impensable : l’engagement de report n’était plus d’actualité. Il nous a été affirmé que la réunion avait permis de constater un consensus… auquel nous n’avons manifestement pas assisté.

Le SNPPE alerte : la réforme ne peut se faire sans et contre les professionnels

Nous rappelons avec force que :
🔹 Nous ne sommes pas opposé·es à une réforme des diplômes, mais à la méthode autoritaire et précipitée utilisée.
🔹 Certaines compétences transversales sont pertinentes, mais les référentiels restent confus, redondants ou éloignés des réalités de terrain.
🔹 L’absence de clarté sur la place des compétences métier et sur les volumes horaires rend ces textes inacceptables en l’état.

Ce que nous exigeons

🔴 La suspension immédiate du vote prévu le 2 juillet.
🔴 Un retour à une méthode transparente, démocratique, respectueuse de l’expertise des professionnel·les.
🔴 La reprise du travail dans un cadre clair, stable et partagé.

Madame la Ministre : la balle est dans votre camp

Le 17 juin en plénière du HCTS, vous avez proposé un report. Vous avez imposé une concertation. Vous avez désormais la responsabilité politique d’apaiser les tensions et de démontrer concrètement votre soutien aux professionnel·les du travail social.

Le SNPPE reste pleinement mobilisé. Aux côtés de nos partenaires, nous continuerons à refuser une réforme imposée, construite à huis clos, et déconnectée de la réalité des métiers.