(…) L’annonce avait été accueillie froidement par les syndicats du secteur. « Comment créer des nouvelles places quand il manque déjà 10.000 professionnels pour assurer les places existantes? », avait interrogé Cyrille Godfroy, secrétaire général du syndicat national des professionnels de la petite enfance.
(…) Pas complètement une découverte pour le Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE), car le secteur de la petite enfance, très soutenu par l’argent public,attirerait des investisseurs « parfois peu scrupuleux », remarque Véronique Escames, co-secrétaire générale du SNPPE. (…)
Jean-Christophe Combe a surtout annoncé fin juin que l’Etat allait accompagné à hauteur de 200 millions d’euros par an les revalorisations salariales des personnels de la petite enfance. Mais la profession attend des détails concrets. « Le gouvernement a affiché ses ambitions mais les calculs ne sont pas encore faits » soupire Cyrille Godfroy (ndlr : co-secrétaire général du SNPPE).
Quotidiennement, le SNPPE fait sa veille documentaires dans les médias. Et, hélas, bien trop régulièrement, il lit des articles de fermetures définitives, administratives, de dysfonctionnement concernant des services petite enfance.
Ces dernières semaines, la liste est (bien trop) longue ! ⤵️
Alors que la maison brûle, Aurore Bergé regarde ailleurs.
On ne peut pas dire que la nouvelle ministre aura traîné pour prendre la parole dans ses nouvelles fonctions : interview dans la presse écrite un jour pour lancer le débat du congé parental, passage à la TV un autre jour pour annoncer le Pass Colo dès 2024.
Mais qu’en est-il des difficultés existantes ? RIEN. Car, pour permettre aux enfants d’aller en colonie, encore faut-il avoir des animateurs!
Et pour le secteur de la petite enfance, si son idée est de raccourcir la durée du congé parental pour mieux l’indemniser, comment seront accueillis les enfants après cette période dans un contexte de pénurie de professionnel·les? de fermetures qui s’accélèrent? Car, nous ne leurrons pas. La liste ci-dessus issue des médias n’est que la partie émergée de l’iceberg. Le problème est bien plus gigantesque que ça. Ainsi, le HCFEA rappelle par exemple dans son rapport du 18 avril 2023 que la garde parentale ne supprime pas le besoin d’accueil flexible en accompagnement à la parentalité.
Prendre la parole rapidement sans évoquer les difficultés rencontrées dans le périmètre de son ministère est un très mauvais signal envoyé aux acteurs du secteur de la petite enfance. C’est désavouer le travail fait par le comité de filière petite enfance depuis plus d’un an, c’est nier la réalité d’accueil des enfants et des familles, de travail des professionnel·les.
Car ce ne sont pas de belles paroles de soutien que le secteur attend, ce ne sont pas la reprise des annonces déjà faites par son prédécesseur qui rassureront, CE SONT LES ACTES.
Comme l’a dit le SNPPE dans son communiqué du 1er juin :
sur une revalorisation des salaires d’au moins 350 euros pour toutes et tous afin de permettre aux salariés dans la petite enfance d’avoir un salaire médian équivalent au salaire annuel médian français.
pour un plan de formation initiale et continue ambitieux. Pour créer 200 000 places, il faut de nombreux professionnel·les des différents métiers qui ne seront pas diplômés en 35 heures mais en 12 mois minimum à 4 ans. Il faut agir vite !
pour une politique “Qualité de Vie et des Conditions de Travail” décisive afin d’améliorer les conditions de travail afin de protéger les salariés des inaptitudes et des reclassements.
pour l’accueil individuel qui a un rôle essentiel dans l’accueil du jeune enfant, des mesures concrètes pour anticiper les départs massifs à la retraite d’ici 2030 et qui est complètement absent du discours de la ministre malgré l’urgence.
De son côté le Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE) espère dans un communiqué qu’Aurore Bergé « saura assurer la continuité de ce qui a été amorcé par son prédécesseur et qu’elle saura entendre et écouter les professionnel.les afin de résoudre ensemble les problèmes rencontrés tant sur la pénurie de professionnel.les que sur la qualité de l’accueil des enfants et de construire ensemble un réel Service Public de la Petite Enfance ».