Les professionnel·les de la petite enfance écoutent depuis trop longtemps les annonces gouvernementales, mais constatent avec amertume que ces promesses ne se traduisent pas concrètement sur leur fiche de paie.
Ce mercredi 3 mars 2024, lors de sa réunion, le Conseil d’Administration de la Caisse Nationale des Allocations Familiales (CNAF) a approuvé des mesures visant à améliorer les salaires, incluant les 100 euros par mois pour le secteur public et 150 euros par mois pour le secteur privé.
Cependant, le Syndicat National des Professionnels de la Petite Enfance observe plusieurs lacunes dans ces avancées :
- Le bonus d’attractivité qui a été voté ne couvre que 66% de la revalorisation salariale annoncée par le gouvernement et reprise par la CNAF. Comment les 34% restant vont être pris en charge par les gestionnaires? C’est pourtant une question essentielle.
- Les premières augmentations ne sont pas à la hauteur de l’avenant dans la Convention Collective Nationale (CCN) Alisfa d’après les retours que nous avons pu avoir. Qu’en sera-t-il pour les autres CCN et les fonctions publiques ?
- Les professionel·les des structures bénéficiant du Complément de Libre Choix du Mode de Garde (CMG) de la Prestation d’Accueil du Jeune Enfant (PAJE) sont toujours exclues de ces mesures. Il est clair que, par ce biais, les gestionnaires sont encouragés à opter pour la Prestation de Service Unique (PSU). Or, nous constatons, via le communiqué de la FFEC du 3 avril 2024, que ce n’est pas la volonté du secteur privé lucratif.
- L’accueil individuel, déjà sous pression, verra son attractivité diminuer davantage puisqu’il n’est pas pris en compte par ces annonces.
- Les modalités d’application pour les crèches familiales restent indéterminées.
- Dans le secteur public, la mise en œuvre via le Régime Indemnitaire tenant compte des Fonctions, des Sujétions, de l’Expertise et de l’Engagement Professionnel (RIFSEEP) suscite des inquiétudes, car il risque d’aggraver la tension sur les postes et d’accentuer les disparités salariales, ce qui est inacceptable. En effet, chaque collectivité le mettra en place à sa façon et des inégalités supplémentaires en découleront. Comme nous l’avons déjà exprimé, nous souhaitons une revalorisation des grilles indiciaires permettant une revalorisation des traitements plutôt que des primes ne comptant qu’en partie pour la retraite.
En outre, les négociations dans d’autres Conventions Collectives Nationales (CCN) n’ont pas encore abouti à des avancées salariales significatives, ajoutant ainsi un obstacle supplémentaire à l’amélioration des conditions salariales des professionnel·les de la petite enfance.
Sous l’apparence d’une amélioration salariale tant attendue, ces annonces pourraient provoquer un taux élevé de rotation du personnel dans un contexte de pénurie, entraînant ainsi une détérioration des conditions de travail. Le secteur de la petite enfance ne peut se permettre cette régression.
Face à cette situation alarmante, le SNPPE lance la campagne « Solidaires, jamais solitaires : Unies pour des vrais salaires » afin de réclamer des rémunérations dignes pour tou·te·s les professionnel·les de la petite enfance. Il invite les professionel·les à se saisir de ce slogan sur les réseaux sociaux en l’illustrant, si possible, d’une photo. Pour les professionel·les ayant déjà obtenu une revalorisation, il souhaite que la réalité de celle-ci soit annoncée pour montrer combien les annonces du gouvernement ne reflètent pas la réalité.
Le SNPPE profite également de cette occasion pour annoncer le lancement d’une nouvelle édition de son baromètre des salaires, visant à fournir une mise à jour sur la situation actuelle et à recueillir les premières données sur les réévaluations salariales intervenues depuis le 1er janvier 2024.