Les propos de Madame Vautrin, qui envisage « d’en finir avec le dogme des diplômes d’État » pour pallier la pénurie de professionnels dans les métiers paramédicaux et sociaux et valoriser les acquis de l’expérience, suscitent légitimement des interrogations. Va-t-on, pour pouvoir obtenir plus de places d’accueil des jeunes enfants, arriver à recruter n’importe qui simplement parce qu’il « aime les enfants » ? Cela semble être en contradiction directe avec les recommandations émises par des instances telles que l’IGAS, qui prônent au contraire le renforcement des formations pour les professionnels travaillant auprès des jeunes enfants.

Ce rapport de l’IGAS, publié il y a un an, met en lumière l’importance cruciale d’une formation solide et spécialisée pour ceux qui accompagnent les jeunes enfants. Les métiers de la petite enfance exigent des compétences spécifiques en matière de développement infantile, de communication, de gestion de groupe et de prévention des risques, entre autres. Sans une formation adéquate, il est difficile d’assurer le bien-être et le développement optimal des enfants.

D’autre part, valoriser les acquis de l’expérience est indéniablement important. L’expérience sur le terrain peut compléter et enrichir la formation académique en apportant une compréhension pratique des besoins et des défis rencontrés dans la pratique professionnelle. Cependant, cela ne devrait pas être une alternative à une formation structurée et spécialisée, mais plutôt un complément. . Une AP qui a 1 an d’expérience professionnelle, n’a pas eu le rôle d’EJE, n’a pas fait fonction d’EJE. Même avec 30 ans d’expérience professionnelle, on n’a pas forcément fait fonction. Oui, on a acquis une expérience professionnelle, mais en temps qu’AP.  Viendrait-il à l’idée de valider le diplôme de chirurgien a une infirmière qui a 1 an d’expérience au bloc opératoire ? Et même avec 30 ans d’expérience ?

Dans un secteur aussi sensible que celui de la petite enfance, où chaque interaction peut avoir un impact significatif sur le développement des enfants, il est impératif de maintenir des normes élevées en matière de qualification et d’expertise. Cela garantit non seulement la sécurité et le bien-être des enfants, mais aussi la qualité des services offerts aux familles.

Plutôt que de chercher des raccourcis pour combler les lacunes en personnel, il est essentiel d’investir dans des programmes de formation de haute qualité, d’offrir des incitations pour attirer et retenir les professionnels qualifiés, et de soutenir le développement continu de ceux qui travaillent déjà dans le domaine de la petite enfance. C’est ainsi que nous pourrons répondre aux besoins croissants des enfants et des familles, tout en garantissant des services de qualité et en valorisant le professionnalisme dans le secteur des métiers paramédicaux et sociaux. 

Les jeunes enfants, les adultes de demain, méritent ce qu’il y a de mieux. Ils ont besoin de professionnel.les bien formé.es pour les accompagner dans leur développement, pour accompagner leurs parents dans leur rôle. 

Nous avons besoin de qualité avant tout ! Pas de quantité coûte que coûte !