On est en permanence sur le qui-vive, on se retrouve parfois seules pour donner les repas, stressées et obligés de faire plus vite, plus désordonné et donc c’est moins serein et consciencieux, résumait Cathy Ligère du Syndicat national de la petite enfance, avant le drame survenu dans une crèche privée de Lyon, où une auxiliaire puéricultrice est poursuivie pour meurtre après le décès d’une fillette de 11 mois.
« La situation des micro-crèches est particulières parce que effectivement, il y a plus de tâches à réaliser que dans les structures collectives. Les conditions de travails sont moins bonnes », explique Véroniques Escames, co-secrétaire du Syndicat des professionnels de la Petite Enfance. « Mais aujourd’hui, c’est généralisé », prévient-elle.
Le Syndicat national des professionnels de la petite enfance (SNPPE), en revanche, entend « pointer du doigt le cadre réglementaire des micro-crèches ». Comme il l’explique, ces structures ont été instituées par un décret du 20 février 2007, initialement pour favoriser la création des places en secteur rural, avec un cadre dérogatoire : elles peuvent n’engager qu’un seul professionnel, « à l’ouverture et à la fermeture, jusqu’à trois enfants ». « Cette mesure est d’ailleurs aussi possible depuis le 1er avril 2020 en raison de la crise sanitaire pour l’ensemble des crèches quelle que soit leur capacité d’agrément », déplore le syndicat, dans un communiqué du 27 juin. Il exige donc de mettre fin, pour tous les établissements d’accueil du jeune enfant, à cette possibilité d’ouverture avec un seul professionnel. « La mort d’un bébé en crèche par manque d’encadrement est une mort de trop ! »
Le gouvernement prévoit des dérogations pour pouvoir embaucher plus facilement du personnel dans les crèches et pallier le manque de main d’œuvre : il suffira de 35 heures de formation pour pouvoir s’occuper seul d’un enfant.
Dans ce paysage ô combien préoccupant, beaucoup de professionnelles optent pour la démission, la reconversion ou la grève (six préavis nationaux déposés depuis janvier 2022) dans l’espoir de voir la situation évoluer. « Il est temps que l’Etat agisse. Après tout, il a toutes les solutions en main », indique Cyrille Godfroy, co-secrétaire du Syndicat national des Professionnels de la Petite Enfance (SNPPE). Le syndicaliste fait référence à la commission des « 1 000 premiers jours » dirigée par Boris Cyrulnik et dont le rapport a été rendu en septembre 2020 au gouvernement. Il n’a été suivi d’au-une mesure concernant le mode d’accueil des jeunes enfants.