Le décret n° 2025-304 du 1er avril 2025 marque une étape dans l’évolution du secteur de la petite enfance. Bien qu’il vise à renforcer la qualité de l’accueil en EAJE, notamment en matière de qualifications, de gestion et de conditions de travail, il comporte également des défis et des risques pour les professionnel·le·s de la petite enfance. Voici une analyse des principales modifications et de leurs conséquences concrètes pour le quotidien des professionnel·le·s. La partie relative aux autorisations de création, d’extension et de transformation des EAJE a été volontairement omise.
1. Renforcement des exigences en matière de qualification : Un levier pour l’évolution ou une pression supplémentaire ?
Quoi de neuf ? Dès maintenant mais avec une échéance au plus tard le 1er septembre 2026, le décret impose qu’au moins un membre de l’équipe dans chaque micro-crèche soit titulaire d’un diplôme de la petite enfance (auxiliaire de puériculture, éducateur·trice de jeunes enfants, infirmier·ère, psychomotricien·ne, ou pédopsychiatre).
Conséquences pour les professionnel·le·s : Ce changement présente une double facette:
- Opportunités de carrière : Le renforcement des qualifications pourrait permettre une meilleure reconnaissance des compétences des professionnel·le·s en place, ainsi qu’une évolution de carrière plus claire et plus valorisée.
- Pression accrue sur les équipes : Si la mise en place de ces nouvelles exigences favorise la montée en compétence des équipes, elle risque également de créer une pression supplémentaire pour les employeurs qui devront recruter des profils qualifiés dans un secteur déjà en pénurie de main-d’œuvre qualifiée.
Le point de vue du SNPPE : Le SNPPE insiste sur la nécessité de ne pas réduire la VAE à un simple mécanisme de validation des acquis, mais de conserver son exigence, pour garantir la qualité et la sécurité des services offerts aux enfants. La formation interne qualifiante est aussi un excellent levier qui permet à des professionnel·les de faire évoluer leurs carrières. Il ne faut pas aller vers un “tout VAE”.
2. Augmentation du temps dédié à la direction en micro-crèche
Quoi de neuf ? Le décret impose que les directions des micro-crèches bénéficient désormais d’un temps minimum obligatoire de O,5 ETP pour leurs missions de coordination et de gestion. À partir du 1er septembre 2026, les termes “référent technique” seront remplacés par “responsable technique” ou “direction”. Il sera donc possible de diriger jusqu’à 2 micro-crèches en même temps.
Conséquences pour les professionnel·le·s : Cela pourrait entraîner plusieurs améliorations :
- Organisation renforcée : Avec plus de temps pour les tâches administratives et de gestion, les équipes devraient pouvoir mieux s’organiser, réduisant ainsi la pression sur le temps dédié aux enfants.
- Nécessité de renforcer les équipes : Toutefois, cela ne doit pas se faire au détriment des effectifs auprès des enfants. Les gestionnaires devront donc veiller à compenser cette charge administrative accrue par un renfort d’effectifs auprès des enfants.
3. Revendication du SNPPE : La suppression de l’exception d’encadrement en micro-crèche
Quoi de neuf ? Le décret conserve une exception qui permet d’accueillir un maximum de trois enfants dans une micro-crèche avec un seul adulte, ce qui reste une exception rare et dangereuse dans le domaine de la petite enfance.
Les conséquences pour les professionnel·le·s :
- Un risque persistant : Maintenir cette exception présente des risques de sécurité et de qualité de l’accueil, comme le montrent plusieurs faits divers récents. En effet, deux adultes doivent être présents en permanence dans les micro-crèches, indépendamment de leurs diplômes, pour garantir un encadrement adéquat.
- Lutte pour la suppression de l’exception : Le SNPPE a pris position pour la suppression de cette dérogation et continue de mobiliser les acteur·rice·s du secteur pour exiger une présence systématique de deux adultes. Sans une révision de cette disposition, le risque pour les enfants et pour les équipes restera élevé.
Le point de vue du SNPPE : Le SNPPE considère que cette exception, maintenue dans le décret, est incohérente et dangereuse. Dans un contexte de renforcement de la qualité d’accueil, la suppression de cette dérogation semble essentielle pour garantir un environnement sûr et adapté pour tous les enfants.
En résumé :
✅ Renforcement des qualifications et de la reconnaissance des pratiques éducatives.
✅ Amélioration de l’organisation du travail, notamment pour les responsabilités de direction en micro-crèche.
⚠️ Le maintien de l’exception d’encadrement en micro-crèche représente un danger pour la qualité de l’accueil et la sécurité des enfants.
🔴 Pénurie de personnel : Le gouvernement semble minimiser l’ampleur de la crise de recrutement dans le secteur, une situation qui persiste et s’aggrave.
Le SNPPE reste mobilisé pour défendre vos conditions de travail et garantir la qualité de l’accueil des enfants !
Le décret 2025-304 constitue une étape pour le secteur de la petite enfance, mais il n’est pas sans défis. Le SNPPE continuera à œuvrer pour des conditions de travail décentes et pour la sécurité des enfants, en exigeant des solutions concrètes face aux pénuries de main-d’œuvre et en luttant contre les dérives du secteur. Nous restons à l’écoute de vos retours et continuons de vous accompagner dans cette transition.
Pour toute question ou pour partager vos retours sur la mise en œuvre de ce décret, n’hésitez pas à contacter le SNPPE et à adhérer pour renforcer notre action collective !
Mise à jour le 03/04/2025 à 22h36 : ajout du document du Comité de Filière Petite Enfance