Le référentiel national de la qualité d’accueil du jeune enfant a été officiellement publié le 2 juillet 2025. Issu des engagements de la loi Plein Emploi, il est présenté comme un socle commun pour améliorer la qualité dans tous les modes d’accueil.
Le SNPPE, qui a suivi les débats depuis le lancement des travaux, y reconnaît des avancées importantes, mais refuse tout enthousiasme de façade. Car sans stratégie de diffusion, de formation et de temps pour s’en emparer collectivement, ce référentiel risque de rester un texte d’intention déconnecté de la réalité du terrain.
Des principes que nous portons depuis longtemps
Nous saluons le fait que ce référentiel :
- Affirme clairement que la qualité d’accueil est indissociable des conditions de travail ;
- Reprend des pratiques essentielles comme la familiarisation progressive, le respect du rythme de l’enfant, l’attention portée aux émotions, la continuité du lien ;
- Consacre l’importance des réunions d’équipe, de l’analyse de la pratique, de la formation continue comme leviers indispensables de qualité ;
- Reconnait l’accueil du jeune enfant comme un droit fondamental, aligné sur les engagements internationaux en matière de droits de l’enfant.
Ces éléments rejoignent les revendications que le SNPPE porte depuis sa création, et renforcent nos luttes contre la marchandisation de l’accueil et l’invisibilisation du travail réel.
Un outil sans effet sans moyens concrets
Mais un référentiel ne transforme pas les pratiques à lui seul.
📌 Aucune instruction n’a été donnée pour qu’il soit diffusé à tous les professionnel·les.
📌 Aucun moyen financier dédié ne semble prévu pour sa mise en oeuvre
Peut-on évaluer des pratiques sur la base d’un document que les professionnel·les ne connaissent pas ?
Peut-on prétendre améliorer la qualité sans transformer les conditions d’exercice ?
Pour le SNPPE, la réponse est non.
Le SNPPE exige des engagements clairs et immédiats
Pour éviter que ce référentiel ne reste lettre morte, le SNPPE formule quatre revendications centrales :
- Une appropriation collective garantie par le temps et les moyens
Les employeurs doivent garantir à chaque équipe un temps de concertation rémunéré pour s’approprier le référentiel, le discuter et en faire un outil vivant. Il ne peut s’agir d’un document plaqué sans dialogue. - La formation continue comme droit réel et effectif
Le référentiel souligne l’importance des compétences. Le SNPPE rappelle que chaque professionnel·le doit bénéficier d’un plan de formation pluriannuel, en dehors des temps d’analyse des pratiques déjà obligatoires et des formations qualifiantes. Cela suppose l’arrêt du sous-effectif chronique. - Un contrôle renforcé des gestionnaires et une limitation des logiques de profit
Le référentiel n’aura aucun impact si les structures pilotées par des logiques financières continuent à contourner les principes de qualité au nom de la rentabilité. Le SNPPE exige que le référentiel devienne une référence dans les contrôles, y compris sur les conditions de travail. Il doit aussi être pris en compte dans les autorisations d’ouverture, de renouvellement ou de DSP. - Une reconnaissance salariale et statutaire cohérente avec les exigences
On ne peut pas exiger des professionnel·les qu’ils s’alignent sur des exigences élevées sans reconnaître leur expertise. Revalorisation salariale, déroulement de carrière, allègement de la charge de travail : la qualité passe par la reconnaissance.
Le référentiel ne doit pas devenir un alibi
Nous le répétons : ce référentiel n’est pas un aboutissement, mais un point de départ. Il ne doit pas servir d’alibi à des stratégies qui continueraient d’appauvrir les conditions de travail tout en prétendant améliorer la qualité.
Il n’y aura pas de qualité sans reconnaissance du travail réel.
Il n’y aura pas de progrès sans l’écoute de celles et ceux qui vivent chaque jour la réalité de l’accueil.
📩 Pour être accompagné·e :
👉 https://snppe.fr/adhesions-2025