Dans les structures de petite enfance, les auxiliaires de puériculture (AP) sont le cœur battant des équipes. Pourtant, on entend parfois que les AP seraient mal dans leur métier, déprimé·es ou frustré·es d’être considéré·es comme les « petites mains » des infirmier·ères puériculteur·rices et des éducateur·rices de jeunes enfants (EJE).
Mais d’où vient cette idée ? Pourquoi serions-nous mal dans un métier que nous avons choisi ? Ces affirmations déplacent le véritable problème. Ce qui nous affecte, ce ne sont pas nos missions ou notre rôle au sein des équipes. Ce qui nous pèse, c’est l’absence de reconnaissance pour notre métier et, plus largement, pour l’ensemble des métiers de la petite enfance.
Démystifier les idées reçues
1. Avons-nous un complexe d’infériorité ?
Non ! Nous ne souffrons pas d’être des « petites mains ». Nous sommes fier·ères de nos compétences et de notre rôle essentiel. Si les infirmier·ères puériculteur·rices sont parfois considéré·es comme les « petites mains » des médecins, cela remet-il en question leur valeur? Absolument pas. Alors pourquoi s’applique-t-on à discréditer les AP?
2. Une formation uniquement « hygiéniste » ?
Affirmer que notre formation est trop centrée sur l’hygiène est une caricature. Notre expertise va bien au-delà :
- Repérer les difficultés dans le développement d’un·e enfant.
- Accompagner les familles.
- Gérer des situations sanitaires complexes en structure collective.
Oui, notre formation pourrait être améliorée, notamment en renforçant les connaissances sur la psychologie de l’enfant et l’inclusion. Mais elle est loin d’être obsolète ou incomplète.
3. La création d’un nouveau diplôme éducatif suffirait-elle ?
Exclure les AP des établissements d’accueil du jeune enfant (EAJE) au profit d’un nouveau diplôme éducatif serait une erreur. Qui gérera les protocoles en cas d’épidémie ? Qui accompagnera les enfants porteur·ses de pathologies chroniques nécessitant des soins réguliers ? La force des EAJE repose sur la pluridisciplinarité, et non sur l’opposition entre métiers.
La complémentarité des métiers : une richesse à préserver
Dans les EAJE, chaque professionnel·le apporte des compétences spécifiques :
- Les AP sont formé·es pour apporter les soins nécessaires et accompagner le développement global de l’enfant.
- Les EJE excellent dans l’observation et la mise en place de propositions pédagogiques.
Cette complémentarité garantit un accueil de qualité, adapté aux besoins des enfants. Vouloir opposer ces rôles revient à fragiliser tout le système.
Propositions concrètes pour valoriser le métier d’AP
Plutôt que de chercher à remplacer les AP ou à critiquer leur formation, proposons des solutions constructives :
- Réformer et allonger la formation initiale :
- Ajouter des modules sur le développement de l’enfant, la psychologie, et l’inclusion.
- Renforcer les stages en EAJE et en milieu hospitalier pour garantir une polyvalence.
- Faciliter les passerelles vers d’autres métiers :
- Créer des voies d’accès simplifiées et accessibles financièrement pour évoluer vers des postes d’EJE ou d’infirmier·ères puériculteur·rices.
- Valoriser le métier au quotidien :
- Revaloriser les salaires.
- Mettre en lumière les témoignages de parents et de professionnel·les pour faire reconnaître notre rôle indispensable.
Conclusion et appel à l’action
Nous sommes auxiliaires de puériculture et fier·ères de l’être. Nous n’avons pas besoin de nouveaux diplômes ou de réformes qui dévalorisent nos compétences. Ce dont nous avons besoin, c’est d’une meilleure reconnaissance, de conditions de travail dignes et de formations adaptées aux réalités actuelles.
Aux décideur·ses : réformez la formation et valorisez nos métiers !
Aux professionnel·les : mobilisez-vous pour défendre vos droits !
Aux parents et citoyen·nes : soutenez les métiers de la petite enfance, garants de l’épanouissement de vos enfants !
Ensemble, faisons entendre notre voix pour un accueil de qualité et des équipes pluridisciplinaires reconnues.
Cette tribune a été publiée sur le site Les Pros de la Petite Enfance.