Le SNPPE (Syndicat National des Professionnel·le·s de la Petite Enfance) alerte : la création imminente d’un nouveau titre professionnel de niveau IV dans la petite enfance constitue une atteinte grave à la qualité de l’accueil des jeunes enfants et à la reconnaissance des métiers du secteur.

Ce titre, porté par le ministère du Travail, devrait être soumis au vote de la commission professionnelle consultative (CPC) « cohésion sociale et santé » le 11 septembre prochain. Il permettrait, en moins de 750 heures de formation, d’accéder à un métier classé en catégorie 1 du code de la santé publique – c’est-à-dire au même niveau que les diplômé·es du DEAP ou du DEEJE par exemple.

Le SNPPE dénonce fermement cette logique de formation express, conçue en dehors des cadres de formation reconnus et sans respecter les exigences portées par les professionnel·le·s du secteur. Le tableau comparatif ci-dessous met en évidence l’écart abyssal entre ce futur titre professionnel et les diplômes existants, tant en durée de formation qu’en contenu et en niveau d’exigence.

Un choix politique en contradiction avec les besoins identifiés

Selon l’enquête nationale menée par la CNAF pour le comité de filière petite enfance (juillet 2025), la situation est alarmante :

  • 13 500 ETP manquants dans les EAJE en 2024, soit 8,2 % de vacance ;
  • Les postes d’EJE (DEEJE) et d’auxiliaire de puériculture (DEAP) sont les plus en tension ;
  • En Île-de-France, le taux de vacance atteint 14 % ;
  • Près de 45 % des postes vacants le sont depuis plus de 3 mois.

Plutôt que de créer un diplôme express, le gouvernement aurait dû activer les régions, responsables du financement des formations sociales et médico-sociales, pour ouvrir plus de places en formation DEAP et DEEJE.

Une formation qui déroge aux référentiels nationaux de qualité

Deux textes fondamentaux rappellent les exigences qualitatives de l’accueil du jeune enfant :

  • La Charte nationale d’accueil du jeune enfant, article 10 :

« J’ai besoin que les personnes qui prennent soin de moi soient bien formées et s’intéressent aux spécificités de mon très jeune âge et de ma situation d’enfant qui leur est confié par mon ou mes parents. »

  • Le Référentiel national qualité de l’accueil du jeune enfant, adopté en 2022 :

Il insiste sur l’importance d’une formation initiale rigoureuse, de temps de réflexion sur les pratiques et d’un encadrement qualifié.

Or, le TP IEPE :

  • Ne garantit ni analyse de pratiques, ni connaissance approfondie du développement de l’enfant ;
  • Est construit pour être opérationnel rapidement, sans cadre national clair ni exigence pédagogique comparable aux diplômes existants ;
  • Ne respecte ni la philosophie de la Charte ni les attendus du Référentiel.

Des conséquences durables sur le terrain

  • Pour les enfants : des adultes moins formés, moins accompagnés, moins disponibles.
  • Pour les équipes : tension, dilution des rôles, méconnaissance des référentiels.
  • Pour les gestionnaires : incitation à recruter à moindre coût des professionnels moins formés.
  • Pour les collectivités : flou total sur la valorisation de ce titre dans la FPT, l’intégration dans les grilles salariales, et les perspectives de carrière.

Ce que propose le SNPPE

Le SNPPE, tout en participant aux travaux encadrant ce nouveau titre, réaffirme son opposition à sa création. Il demande :

  • Le retrait du projet de titre professionnel IEPE ;
  • Le renforcement immédiat des formations DEAP et DEEJE ;
  • La mobilisation des régions pour financer davantage de places en formation qualifiante ;
  • Une évolution des diplômes existants afin qu’ils restent exigeants, en lien avec les besoins actuels des jeunes enfants et les référentiels de qualité reconnus.

Boycott et mobilisation

Face à cette fuite en avant, le SNPPE diffuse ce 15 juillet un communiqué de presse que vous pouvez consulter et partager librement :

Le SNPPE appelle :

  • à la mobilisation de tous les professionnel·le·s du secteur,
  • au boycott des jurys de VAE pour tous les diplômes si le titre est validé en l’état,
  • à ne plus accueillir de stagiaires préparant ce titre dans les structures.

Nous ne laisserons pas sacrifier les exigences de qualité au nom d’une logique de quantité et de flexibilité à bas coût.

Agissons. Vous méritez mieux.