Le 14 octobre 2025, les arrêtés fixant les nouveaux référentiels des Diplômes d’État du travail social (ASS, CESF, EJE, ES, ETS) ont été publiés au Journal Officiel. Ces textes, signés le 6 octobre, actent une réforme majeure — et lourde de conséquences — pour l’ensemble des professions du travail social.
Huit jours se sont écoulés entre la signature et la publication, dans un silence total du ministère, alors même que le poste de ministre était vacant. Une méthode opaque, dénoncée par l’ensemble des organisations professionnelles signataires du communiqué commun du 24 octobre.
La disparition des Diplômes d’État tels que nous les connaissons
Sous couvert d’une modernisation, le ministère transforme ces diplômes nationaux en diplômes d’école, perdant ainsi leur caractère d’unicité et de reconnaissance nationale.
Dès 2029, l’ensemble de la certification sera organisé par les centres de formation, qui détermineront eux-mêmes leurs modalités d’évaluation. L’épreuve finale devient un dossier d’analyse du parcours de formation de 25 à 35 pages, remplaçant le mémoire professionnel de 40 à 45 pages.
Ce glissement n’est pas anodin : il marque la fin d’une épreuve exigeante, conçue pour former des professionnel·les capables d’analyse, de réflexion et de hauteur sur leur pratique. À la place, la DGCS assume une logique de réponse au “marché de l’emploi”, privilégiant la rapidité de mise à disposition de personnel plutôt que la qualité de la formation.
Une réforme au service de l’employabilité, pas de la qualité
La baisse du nombre d’heures de formation théorique — notamment plus de 200 heures supprimées pour le DEASS — et la réduction des semaines de stage pour plusieurs diplômes compromettent gravement la qualité des formations.
L’uniformisation du bloc 2 de compétences, désormais commun à deux tiers pour les cinq diplômes, efface les spécificités de chaque métier. Là où chaque formation disposait de 1 000 heures de contenus spécifiques, il n’en restera plus qu’environ 670 à partir de septembre 2026.
En petite enfance, en éducation spécialisée ou en accompagnement social, cette perte de plus de 300 heures n’est en rien un gage de qualité.
Vers des diplômes inégaux et non comparables
Confier la certification aux seuls centres de formation, c’est créer une fracture entre établissements : selon le centre, les exigences, les pratiques et la reconnaissance du diplôme ne seront plus les mêmes.
Ce sont donc les étudiant·es, les professionnel·les et, in fine, les publics accompagnés qui subiront les conséquences de cette dérégulation.
Le SNPPE s’associe à la mobilisation du collectif interprofessionnel
Le Syndicat National des Professionnel·le·s de la Petite Enfance dénonce avec force cette réforme qui affaiblit la formation initiale, met en péril la reconnaissance des métiers du travail social et menace la qualité de l’accompagnement des enfants et des familles.
Nous partageons la position des organisations signataires : la formation doit répondre aux besoins des publics, pas à ceux du marché.
