Rentabilité à tout prix, burn-out et maltraitance cachée : les crèches au bord de l’implosion

Rentabilité à tout prix, burn-out et maltraitance cachée : les crèches au bord de l’implosion

Dans ce paysage ô combien préoccupant, beaucoup de professionnelles optent pour la démission, la reconversion ou la grève (six préavis nationaux déposés depuis janvier 2022) dans l’espoir de voir la situation évoluer.
« Il est temps que l’Etat agisse. Après tout, il a toutes les solutions en main », indique Cyrille Godfroy, co-secrétaire du Syndicat national des Professionnels de la Petite Enfance (SNPPE). Le syndicaliste fait référence à la commission des « 1 000 premiers jours » dirigée par Boris Cyrulnik et dont
le rapport a été rendu en septembre 2020 au gouvernement. Il n’a été suivi d’au-une mesure concernant le mode d’accueil des jeunes enfants.

Source : Rentabilité à tout prix, burn-out et maltraitance cachée : les crèches au bord de l’implosion
Petite enfance: les crèches orphelines de personnel – Libération

Petite enfance: les crèches orphelines de personnel – Libération

(…) Enfin, l’image des métiers de la petite enfance n’est pas très valorisée. « Ce n’est pas juste jouer et changer les couches. Il y a l’observation et l’évolution des enfants, la détection d’éventuelles difficultés, l’accompagnement à la parentalité… », défend Véronique Escames, co-secrétaire générale du Syndicat national des professionnel·le·s de la petite enfance (SNPPE).

Source : Petite enfance: les crèches orphelines de personnel – Libération

La mort d’un bébé en crèche par manque d’encadrement est une mort de trop !

Mercredi 22 juin, une petite fille de 11 mois est décédée dans une micro-crèche à Lyon. Le communiqué du Procureur de la République du 24 juin mentionne que l’unique professionnelle présente “avait aspergé puis lui avait fait ingérer un produit caustique”.

Les professionnel·le·s de la petite enfance sont choqué·e·s à l’annonce de cette tragédie.
Le SNPPE est sidéré.

D’une manière plus large, le SNPPE veut pointer du doigt le cadre réglementaire des micro-crèches.
Ces structures, créées en 2007, permettaient d’accueillir 9 enfants à leur création (désormais 12). Elles ont été imaginées pour permettre de créer des places de crèches en secteur rural. Mais, afin que la structure ne soit pas trop onéreuse en fonctionnement, sous la pression des représentants des gestionnaires, un cadre réglementaire dérogatoire a été mis en place permettant de n’avoir qu’un·e seul·e professionnel·le à l’ouverture et à la fermeture jusqu’à 3 enfants.
Cette mesure est d’ailleurs aussi possible depuis le 1er avril 2020 en raison de la crise sanitaire pour l’ensemble des crèches quelle que soit leur capacité d’agrément.

Le SNPPE rappelle que le collectif “Pas de bébés à la consigne” dont il est membre dénonce depuis 2009 les atteintes à la qualité d’accueil du jeune enfant en France.

A la lumière de ce rappel du contexte ayant amené le développement des micro-crèches, le SNPPE exige :

  • l’arrêt immédiat de la mesure exceptionnelle permettant aux crèches de n’ouvrir qu’avec un·e seul·e professionnel·le quelle que soit la capacité d’accueil de la structure
  • l’arrêt immédiat de la mesure dérogatoire permettant aux micro-crèches de n’ouvrir qu’avec un·e seul·e professionnel·le.

La mort d’un bébé en crèche par manque d’encadrement est une mort de trop !

Le SNPPE est persuadé que ce drame aurait été plus facilement évité si la professionnelle avait pu passer le relais à une collègue.
Il rappelle que le secteur de la petite enfance se bat depuis des décennies contre la déréglementation constante qu’il subit. Permettre d’accueillir plus d’enfants par professionnel·le par toute sorte de subterfuge réglementaire est le fil conducteur de l’ensemble des décrets qui sont parus ces 20 dernières années.
Cette déréglementation n’a ni résolu le manque de places en crèche, ni amélioré la qualité d’accueil des crèches. Bien au contraire, le secteur de la petite enfance fait désormais face à une crise sans précédent qui n’a su être anticipée et maîtrisée par les gouvernements successifs : conditions de travail de plus en plus pénibles, salaires de misère, pénurie de professionnel.le.s par absence de réévaluation des effectifs des centres de formation… la liste est beaucoup trop longue! L’Etat ne prend pas la mesure des enjeux de la petite enfance pour notre société pourtant les voyants sont au rouge depuis longtemps. La réflexion financière prime sur LA SEULE réflexion qui aurait dû être : l’humain!

Le SNPPE ne cessera de revendiquer la fin de la marchandisation du secteur de la petite enfance et de dénoncer les logiques purement économiques de la CNAF (et donc de l’Etat) pour financer le fonctionnement des crèches.

Il somme M. Damien ABAD, Ministre des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées en charge de la petite enfance de réagir immédiatement.
Beaucoup de professionnel.le.s craignaient qu’il faille un drame pour que l’on prenne conscience de la réalité d’accueil. Hélas, il a eu lieu.

Arrêtez de faire des économies sur le dos des familles et de leurs enfants!
Il faut désormais former en nombre suffisant des professionnel.le.s avec des formations qui “montent en compétence et en qualification des professionnel·le·s, en réponse au haut niveau d’exigence de la société et des familles, en matière d’accueil et d’éducation du jeune enfant de qualité”, assurer un encadrement secure pour des enfants qui ne sont pas capables d’appeler à l’aide en cas d’urgence…

Il faut investir massivement dans la petite enfance pour que plus jamais un bébé ne meurt car la réglementation ne l’a pas assez protégé.

Salaires trop faibles, métiers dévalorisés… Les crèches confrontées au manque de personnel

Salaires trop faibles, métiers dévalorisés… Les crèches confrontées au manque de personnel

Et avec moins de personnel, forcément, ce sont des conditions de travail qui se dégradent. « On n’a plus trop envie de travailler dans ces conditions, donc on va voir pour aller faire autre chose, et c’est un cercle vicieux, soupire-t-elle. Là, ça fait quand même quelques années que je me questionne sur le sens que je mets dans mon quotidien. Le plaisir que j’avais, je commence à le perdre. » Et la directrice doit trouver des solutions. « On a dû, poursuit-elle, dans le courant de l’année, réduire l’amplitude horaire, qui était de 8 h à 19 h, à un 8 h / 18 h. Voire de 8h30 à 18 h. »

Source : Salaires trop faibles, métiers dévalorisés… Les crèches confrontées au manque de personnel

Fortes chaleurs et accueil de la petite enfance

Fortes chaleurs et accueil de la petite enfance

🌡️ Canicule ou fortes chaleurs : quelle différence ?

On parle de canicule lorsque les températures restent anormalement élevées de jour comme de nuit pendant au moins 3 jours.
Si, pendant une semaine, les températures en journée sont très élevées mais qu’elles redescendent la nuit, on parle alors de vague de chaleur ou de fortes chaleurs.

Pour exemple :

  • à Paris, l’alerte canicule est déclenchée si les températures atteignent 31°C le jour et 21°C la nuit,
  • dans les Deux-Sèvres, 35°C le jour et 20°C la nuit,
  • à Marseille, 35°C le jour et 24°C la nuit.

À ce jour, aucune température maximale précise au-delà de laquelle il serait interdit de travailler n’est inscrite dans le Code du travail, même après la parution du décret d’avril 2024.

⚖️ Ce que dit désormais la loi (mise à jour 2025)

Le décret n°2025-482 du 27 mai 2025, entré en vigueur le 1er juillet 2025, impose de nouvelles obligations à tous les employeurs, y compris dans les structures de la petite enfance, qu’elles soient publiques ou privées.

✅ Évaluation du risque « chaleur »

  • L’évaluation du risque d’exposition à la chaleur devient obligatoire, y compris pour les travailleur·ses en intérieur.
  • Ce risque doit être intégré et actualisé dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP).

✅ Mesures de prévention à mettre en œuvre

Si un épisode de chaleur intense est prévu (vigilance jaune, orange ou rouge de Météo France), l’employeur doit mettre en place des mesures adaptées, parmi lesquelles :

  • Aménagement des horaires de travail pour éviter les heures les plus chaudes
  • Suspension des tâches pénibles aux heures critiques
  • Installation de zones de repos fraîches ou ventilées
  • Réduction de l’exposition au soleil (stores, occultants, etc.)
  • Fréquence accrue des pauses
  • Mise à disposition d’équipements de protection individuelle adaptés
  • Mise à disposition d’eau potable et fraîche, au moins 3 litres/jour/salarié·e si pas d’eau courante, avec un dispositif pour garder l’eau au frais à proximité des postes de travail
  • Information et formation des salarié·es sur les bons réflexes à adopter

✅ Maintien d’une température adaptée dans les locaux

  • Même en dehors d’une alerte canicule, les locaux fermés affectés au travail doivent désormais être maintenus à une température adaptée, en lien avec l’activité exercée (article R.4223-13 modifié).

✅ Adaptation des postes pour les travailleur·ses vulnérables

  • L’employeur doit adapter les conditions de travail, voire changer d’affectation une personne vulnérable (ex. : femme enceinte, salarié·e souffrant de pathologie chronique), en lien avec le service de santé au travail.

✅ Signalement et secours

L’employeur doit définir une procédure claire pour signaler tout malaise, indice physiologique préoccupant ou coup de chaleur, et organiser une réponse rapide, en particulier pour les salarié·es isolé·es.

En ce qui concerne la réglementation « Petite Enfance » :

L’arrêté du 31 août 2021 créant le référentiel national relatif aux exigences applicables aux EAJE, précise :
En période fortes chaleurs et canicules, il est recommandé par l’ADEME que la température intérieure ne soit pas inférieure de plus de 5° à 7°C par rapport à la température extérieure à l’établissement, et que le Plan ORSEC de gestion sanitaire des vagues de chaleur soit mis en place. (article II.4.1 de l’Annexe1)

Si la température intérieure est excessive, si l’employeur ne fournit pas l’eau nécessaire aux salariés, ceux-ci peuvent exercer leur droit de retrait.

Rappel : L’exercice du droit de retrait des salariés s’applique strictement aux situations de danger grave et imminent. Mais le droit de retrait doit être exercé de telle manière qu’il ne puisse créer pour autrui une nouvelle situation de danger grave et imminent (article L-4132-1 du code du travail). Cela implique que le droit de retrait ne peut pas être exercé si le risque concerne les personnes extérieures à l’entreprise, notamment les usagers (circulaire DRT n°93/15 du 26 mars 1993).

Attention : Cette recommandation n’a pas été renforcée par le décret de 2025. Aucun seuil spécifique n’est défini pour les tout-petits ou les professionnel·les de la petite enfance, pourtant particulièrement exposé·es.

📣 Et maintenant ?

🛑 Le décret de 2025 marque une avancée réglementaire, mais aucune réponse spécifique n’est apportée au secteur de la petite enfance.

👶 Malgré l’extrême sensibilité des enfants à la chaleur et les conditions parfois intenables dans les structures, rien n’est prévu pour protéger le public accueilli.

✊ C’est donc aux équipes de se mobiliser, avec le soutien du SNPPE :

  • Pour faire inscrire les risques et les mesures dans le DUERP
  • Pour exiger des conditions de travail adaptées

Ressources disponibles

Mise à jour le : 24 juin 2025 (article + ajout de l’instruction de la DGT)