Lettre ouverte adressée à Matignon à l’ouverture de la Conférence nationale « Travail et Retraites »
Alors que s’ouvre ce jour la Conférence nationale “Travail et Retraites”, le Syndicat National des Professionnel·le·s de la Petite Enfance (SNPPE) adresse une lettre ouverte à Monsieur le Premier ministre, pour demander la reconnaissance pleine et entière de la pénibilité des métiers de la petite enfance dans les travaux engagés par le Gouvernement.
Ces métiers, exercés à 97 % par des femmes, cumulent une charge physique, émotionnelle et mentale considérable : port répété d’enfants, postures contraignantes, gestes répétitifs, bruit, stress, exposition à l’agressivité…
Pourtant, ils ne figurent dans aucun dispositif officiel de reconnaissance de la pénibilité, ni dans les parcours de retraite anticipée.
🔍 Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes
Les données 2023 de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAM – NAF 8891A) révèlent une sinistralité record dans le secteur :
- 3 089 accidents du travail (+9 % en un an)
- 930 accidents de trajet (+16 %)
- 166 maladies professionnelles reconnues (+44 %)
- Près de 295 000 journées perdues pour cause d’accidents ou de maladies professionnelles
Et encore, ces chiffres ne couvrent que le secteur privé relevant du régime général.
Les crèches publiques territoriales, hospitalières ou médico-sociales, relevant d’autres régimes, ne sont pas comptabilisées, ce qui rend le constat encore plus alarmant.
⚖️ Une pénibilité féminine toujours invisibilisée
La lettre ouverte du SNPPE rappelle que les métiers du care et de la petite enfance, largement féminisés, sont doublement pénalisés :
- usure prématurée des corps,
- carrières hachées par les temps partiels imposés,
- retraites plus faibles,
- absence de reconnaissance dans les dispositifs de pénibilité.
“Les professionnel·le·s de la petite enfance accueillent nos enfants et soutiennent les familles.
Elles ne peuvent plus rester les oubliées d’un débat sur la pénibilité et les retraites.”
— Le Bureau national du SNPPE
🧩 Les demandes du SNPPE au Gouvernement
Le syndicat demande que la Conférence Travail et Retraites :
- Intègre la pénibilité des métiers de la petite enfance dans ses travaux sur la base des indicateurs de sinistralité établis par la CNAM et les inspections du travail ;
- Ouvre une réflexion interprofessionnelle sur la reconnaissance des métiers féminisés à forte charge physique et émotionnelle ;
- Associe le SNPPE aux travaux de la Conférence, aux côtés des grandes centrales syndicales, afin de faire entendre la voix des professionnel·le·s de terrain ;
- Reconnaisse la spécificité des parcours féminins, marqués par la précarité, le temps partiel imposé et la baisse des droits à retraite.
🗣️ Une interpellation directe du Premier ministre
Cette lettre a été adressée ce matin à Matignon, et rendue publique simultanément.
Le SNPPE appelle le Gouvernement à traduire en actes ses engagements sur la pénibilité, en intégrant la petite enfance dans les discussions nationales.
“La pénibilité ne peut pas être un débat d’hommes sur des métiers masculins.
Elle doit aussi reconnaître l’usure prématurée des femmes qui, chaque jour, soutiennent nos enfants, nos familles et nos services publics.”
